PAC 55 – La mise au ban de la Corée du Nord La mort du président Kim Jong-Il

Par Thomas Lindemann

Passage au crible n°55

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La mort du président Kim Jong-Il et sa succession probable par un triumvirat conduit par son fils Kim Jong-Un soulèvent de nouveau la question des options disponibles pour apaiser et transformer le régime nord-coréen. Les premières déclarations des chancelleries occidentales suggèrent que nos dirigeants sont avant tout soucieux de montrer leur détermination à résister à tout projet d’agression nord-coréenne. Certains envisagent même d’encourager un printemps coréen en écartant un peu vite le potentiel militaire considérable de cette Sparte asiatique. Et pourtant, au-delà des questions morales, tout indique que ce régime n’est pas une puissance remettant en cause le statu quo territorial. L’histoire récente démontre que la renonciation à ces postures offensives demeure possible si l’on prend davantage en compte la dimension symbolique des aspirations d’un régime en quête de reconnaissance.

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

La Corée du Nord s’est engagée dans une confrontation armée en 1950 contre son voisin du sud. Lors de cette guerre, le général américain Mc Arthur envisagea le recours aux armes nucléaires tactiques. L’armistice a été établi en 1953 sans traité de paix autour du 38e parallèle. Depuis cette date, plusieurs escarmouches ont eu lieu sans provoquer d’affrontement armé majeur. Plus récemment, au mois du mars 2010, la Corée du Nord a été accusée du naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan. À la suite de cette affaire, le pays a été sanctionné et mis au ban de la scène mondiale. Puis, le bombardement nord-coréen de l’île de Yeonpyeong – située à l’ouest de la péninsule et proche de la ligne de démarcation maritime (contestée le 23 novembre 2010) – a rappelé de nouveau la situation fragile entre les deux Corées. Le nouveau leader Kim Jong-Un vient de promettre que la Corée du Sud serait punie pour son comportement irrespectueux lors des funérailles de Kim Jong-Il. Quant aux ambitions nucléaires, la Corée du Nord a depuis 1993 défié le traité de non-prolifération nucléaire à de multiples reprises. L’accord cadre de 1994 et celui de Pékin datant de 2007 l’ont conduite à renoncer provisoirement à l’arme nucléaire en échange de concessions économiques et d’une certaine reconnaissance diplomatique. Toutefois, en mai 2009, elle a procédé à un deuxième essai nucléaire qui fait suite à celui de 2006. Aujourd’hui, les négociations sont dans l’impasse.

Cadrage théorique

1. Les approches traditionnelles dites de choix rationnel considèrent le plus souvent que les crises sont résolues de manière pacifique lorsque les bénéfices matériels nets de la paix sont supérieurs aux bénéfices matériels nets de la guerre. Les théoriciens réalistes mettent en avant l’importance des coûts sécuritaires dans l’équation coûts/gains. Dans cette logique, plus les menaces militaires adressées par les États-Unis à la Corée du Nord sont à la fois importantes et crédibles, plus la Corée du Nord devrait être incitée à se comporter de manière pacifique et à renoncer à ses projets nucléaires. D’autres analystes d’inspiration plus libérale, mettent, pour leur part, en avant l’utilité des sanctions économiques pour prévenir le comportement déviant d’un État.

2. Mais en fait une politique de fermeté est loin d’être suffisante et même contre-productive si elle menace la survie d’un régime ou induit des menaces publiques perçues comme humiliantes. Dans une optique plus constructiviste, il nous semble donc que les acteurs nord-coréens sont aussi soucieux de confirmer une certaine image d’eux-mêmes sur la scène politique. Ainsi, l’inclusion diplomatique – les récompenses symboliques – pourrait-elle être déterminante dans l’apaisement de ce conflit. A contrario, la stigmatisation d’un État risque d’entraîner sa radicalisation car les identités des acteurs se forment et se transforment dans les interactions.

Analyse

Toute analyse de la situation nord-coréenne soulève deux questions : les ambitions de ces dirigeants sont-elles compatibles avec le statu quo territorial et pour quelles raisons les décideurs nord-coréens s’engagent-ils dans une politique au bord de l’abîme ?

Avant tout, malgré les rhétoriques fanfaronnes des dirigeants nord-coréens, peu d’indices militent en faveur d’une politique d’expansion territoriale car la légitimité de la dynastie Kim reposant sur sa divinisation est avant tout interne. En outre, depuis 1953, l’Etat nord-coréen s’est davantage illustré par la recherche d’une certaine autarcie que par des entreprises belliqueuses. Une très hypothétique conquête de la Corée du Sud ne serait pas payante pour les leaders nord-coréens. Comment pourraient-ils en effet imposer aux Coréens du Sud qui bénéficient d’un niveau de vie comparable à celui de l’Espagne un État authentiquement totalitaire ?

Toute porte à croire que le régime nord-coréen exploite le dossier nucléaire en vue d’une meilleure reconnaissance. Se pose alors le problème de la légitimité d’un régime qui peine à subvenir aux besoins les plus élémentaires de sa population. En outre, il est connu que les autorités nord-coréennes se sont estimées profondément offensées par leur inclusion dans l’axe du mal en 2002. George Bush avait même qualifié le régime nord-coréen de « détestable pygmée » en allusion à la petite taille de Kim Jong-Il. Lorsque le leader nord-coréen lance un satellite dans l’atmosphère avec les chansons révolutionnaires le jour de l’indépendance américaine en 2009, le message semble clair : « Nous allons vous forcer à la reconnaissance par les armes ».

Face à de tels acteurs, des menaces, des sanctions et des déclarations irrespectueuses pourraient en revanche conduire à un durcissement du régime. Elles pourraient tout autant renforcer la légitimité interne du régime nord-coréen en faisant passer les opposants pour des traîtres à la solde des Américains. Elles pourraient aussi conduire à une escalade militaire. Le bilan de cette politique de fermeté apparaît négatif. Le président sud-coréen Lee Myung-bak a mis fin à la « politique de soleil » de son prédécesseur en initiant des manœuvres militaires proches de la ligne de démarcation. Or, cet isolement diplomatique n’a pas pris fin avec l’arrivée au pouvoir de l’administration Obama. Cette dernière a misé au contraire sur la « patience stratégique » et prôné une politique d’ouverture préalablement conditionnée par des preuves de la bonne volonté nord-coréenne. Pire encore, le président sud-coréen Lee a implicitement annoncé le 15 août 2010 la disparition imminente du régime nord-coréen en proposant à ses concitoyens l’introduction d’un nouvel impôt destiné à préparer l’unification des deux nations.

Dans ce contexte, il convient d’analyser le bombardement nord-coréen de l’île de Yeonpyeong de décembre 2010 comme résultant principalement de craintes existentielles plutôt que comme la manifestation d’une politique impériale.

Références

Braud, Philippe, L’Émotion en politique, Paris, Presses de Sciences Po, 2006.
Lindemann, Thomas, Sauver la face, sauver la paix, sociologie constructiviste des crises internationales, Paris, L’Harmattan, 2010. Collection Chaos International.
Wendt, Alexander, Social Theory of International Politics, Cambridge University Press, 1999.

PAC 54 – Les méfaits du relativisme culturel La condamnation à mort de Sakineh Mohammadi Ashstiani

Par Armelle Le bras-Chopard

Passage au crible n°54

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La condamnation à mort de Sakineh Mohammadi Ashstiani pour un prétendu adultère s’avère emblématique de la violation des droits humains et de la situation des femmes sous la charia qui sévit en Iran. L’affaire mobilise l’opinion internationale depuis 2010, ce qui a permis d’obtenir la suspension de sa condamnation à la lapidation. Mais fin décembre 2011, à l’annonce de la commutation de sa peine de lapidation en pendaison, la campagne mondiale de protestation a repris pour obtenir la libération de Sakineh.

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

Sakineh est née en 1967, dans l’Azerbaïdjan iranien, au nord-ouest du pays. Elle a été institutrice dans l’école maternelle de sa ville mais parle uniquement l’aziri et ne comprend pas le persan, la langue officielle de l’Iran. En 2006, elle est condamnée à mort pour complicité dans le meurtre de son mari et pour « relation illicite » avec un homme. Accusations non avérées dont la première passe au second plan, tandis que l’attention se focalise sur l’adultère, passible de la peine de mort par lapidation. L’exécution imminente de celle-ci est annoncée en juin 2010. Déjà soumise aux 99 coups de fouet réglementaires, alors même qu’elle se croyait innocentée, Sakineh a finalement signé un arrêt de mort qui était libellé dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Elle a ensuite été contrainte à des aveux télévisés, avant que son fils et son avocat ne soient arrêtés avec les deux journalistes allemands qui avaient réalisé l’entretien. Quant au précédent avocat, il avait dû fuir le pays, la répression du régime s’abattant sur son épouse.

Une vague d’indignation d’ampleur internationale a immédiatement pris forme avec des manifestations qui se sont notamment tenues dans plus de 100 villes du monde. Des pétitions et des condamnations de l’Iran par des instances internationales pour non respect des Droits de l’Homme se sont multipliées. Des protestations émanaient également de l’univers culturel et de dirigeants politiques (le président, Lula a proposé en son temps d’accorder l’asile à Sakineh au Brésil, requête rejetée par les autorités de Téhéran). Cet ensemble d’interventions a abouti à la suspension d’une sentence jugée « barbare ». Mais à la fin de l’année 2011, Malek Adjar Sharifi – chef de la justice de l’Azerbaïdjan oriental où Sakineh est détenue depuis sept ans – a laissé entendre que la mort par pendaison pourrait être substituée à la lapidation. Une nouvelle mobilisation mondiale s’est aussitôt mise en marche. Quelques jours plus tard, le chef de la justice a fait machine arrière et déclaré que ses propos avaient été tronqués. Le sort de Sakineh n’est donc toujours pas fixé et suscite, à ce titre, une vigilance internationale de tous les instants.

Cadrage théorique

1. Le respect des droits humains. L’Iran réfute la conception internationale des Droits de l’homme, comme étant une simple invention occidentale. Le gouvernement actuel affiche un relativisme culturel par lequel il entend nier l’idée même de valeurs universelles. Il y voit une arme contre l’islam, le Coran contenant, selon les dirigeants iraniens, tous les droits fondamentaux depuis quatorze siècles, soit bien avant leur développement fallacieux en Occident. Selon le 20e principe de la Constitution « Tous les membres de la Nation, femmes et hommes, sont sous la protection de la Loi et jouissent de tous les droits humains, politiques, économiques, sociaux et culturels » mais avec cette précision : « dans le respect des préceptes de l’Islam », c’est-à-dire d’une certaine interprétation de la charia. Ainsi la lapidation, comme d’autres violations des droits humains dans ce pays (censure, torture, amputations…) est-elle légalisée dans les articles 102 et 104 du code pénal iranien qui décrit minutieusement son exécution: les pierres ne devront pas « être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux ; elles ne devront pas non plus être si petites qu’on ne puisse leur donner le nom de pierre ». Elles devront être bien tranchantes pour faire saigner. À la souffrance infligée par cette pratique sauvage s’ajoute l’humiliation puisque la mise à mort doit avoir lieu en public comme la flagellation où, dans le cas de Sakineh, son fils alors âgé de 16 ans, a été obligé d’assister à la séance de coups de fouets.

2. L’inégalité entre les sexes. Sous couvert d’égalité, elle est en fait institutionnalisée. Le 21e principe de la Constitution précise que « L’État a pour devoir de garantir les droits de la femme à tous points de vue »… avec cette même restriction : « dans le respect des préceptes islamiques » qui, de fait, placent les femmes sous tutelle. Il est fait par exemple obligation à ces dernières de demander l’autorisation du mari pour sortir du foyer, voyager ou travailler. Elles sont par ailleurs astreintes à des obligations vestimentaires et subissent des discriminations en matière de droits civils et droits de la famille (inégalités face aux procédures de divorce ou d’héritage, etc.), le droit a l’avortement leur étant par ailleurs interdit.

La situation des femmes en Iran reste toutefois assez paradoxale. Elles jouissent en effet de plus de libertés que les femmes d’autres pays dans le golfe persique (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn…), notamment en matière d’études supérieures (60% de filles à l’université), d’emploi ou de sport…. D’autre part, elles ne demeurent pas passives et s’organisent en associations. À cet égard, l’avocate, Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003, demeure emblématique de ce combat mené pour les droits humains.

Analyse

Héroïne malgré elle, Sakineh apparaît comme le symbole de ces femmes qui, en Iran, sont victimes de la lapidation. Mais, au delà de ce pays, elle témoigne de l’oppression de toutes celles qui souffrent sous l’empire de la charia. Ainsi, fin 2011, l’une d’entre elles a-t-elle été décapitée en Arabie saoudite pour « sorcellerie », au terme d’un jugement « islamiquement correct ». En outre, l’euphorie et les espoirs suscités par les printemps arabes, laissent désormais la place à une certaine inquiétude après des élections qui ont accordé la majorité à des partis islamiques, même si ceux-ci se disent « modérés » (Tunisie, Égypte ou Maroc). D’autant plus que, de son côté, le Conseil national de transition libyen (CNT) s’est empressé d’annoncer, au lendemain de la libération du pays, sa volonté d’un retour à la charia.

L’islamisme radical n’a cependant pas le triste monopole de cette organisation de la suprématie masculine. On la retrouve également dans d’autres intégrismes religieux. Les ultra-orthodoxes juifs, « les hommes noirs », n’ont-ils pas manifesté récemment en Israël, entre autres, pour l’établissement d’une ségrégation des sexes dans les espaces publics ? Certaines communautés protestantes ou des groupes catholiques mènent, pour leur part, des commandos contre les cliniques pratiquant l’interruption volontaire de grossesse. Enfin, les sociétés contemporaines, même laïques, connaissent, de nos jours encore, une inégalité plus ou moins prononcée entre les sexes. Autrement dit, cette « valence différentielle des sexes » au bénéfice des hommes, que l’anthropologue Françoise Héritier a détecté de tous temps et en tous lieux, n’épargne pas davantage l’Occident.

Comme dans les révolutions arabes et d’autres situations récentes, le rôle des media et en particulier d’Internet a été fondamental dans l’affaire Sakineh. La réaction immédiate et de grande ampleur des opinions publiques, a permis de faire pression sur les dirigeants politiques de nombreux pays comme sur les instances internationales – les uns et les autres se trouvant obligés de prendre position – et sur les autorités de Téhéran. Aujourd’hui, la solidarité internationale ne faiblit pas et ce que réclament ces citoyens du monde, ce n’est pas seulement l’interdiction de la mise à mort de Sakineh mais sa remise en liberté. Au delà de son cas, ils exigent purement et simplement l’abolition de la lapidation dont sont toujours victimes d’autres individus et pour laquelle l’Iran avait pourtant annoncé un moratoire en 2002.

Références

http://laregledujeu.org/2011/12/29/8385/sakineh%C2%A0-les-dernieres-et-tristes-nouvelles-de-l%E2%80%99iranienne/
Stengers Lauriane, Pierres non seulement – Conversations avec Sakineh Mohammadi Ashstiani, Editions BoD, 2010
Voir les sites d’Amnesty International et Human Rights Watch

PAC 53 – La santé publique aux prises avec les intérêts de la sous-traitance privée Le scandale sanitaire des implants mammaires PIP (Poly Implant Prothèses)

Par Armand Suicmez

Passage au crible n°53

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Le mercredi 4 janvier 2012, la juge d’instruction de la ville de Marseille a mené une perquisition dans les locaux de la société varoise PIP (Poly Implant Prothèses), faisant suite au scandale des implants mammaires fabriqués par cette entreprise. Composés d’un gel de silicone non conforme, les produits PIP seraient responsables de plusieurs cas de cancers, même si le lien entre ceux-ci et les pathologies, n’est pas démontré.
Cette affaire dépasse le cadre français car la firme a exporté dans toute l’Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Elle met ainsi en lumière l’absence de règles, nationales et internationales qui concerne les dispositifs médicaux.

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

Fondée par Jean-Claude Mas en 1991, la PME française PIP exporte dans 65 pays et a écoulé sur le plan mondial 400 000 prothèses. Son activité florissante s’est dégradée avec la concurrence asiatique des années 2000 et la baisse du dollar. Son PDG a décidé alors de maximiser ses profits en ayant recours à un gel de silicone industriel, sept fois moins cher que sa version médicale. Grâce à ce subterfuge, PIP a pu devenir leader dans ce secteur, aussi bien pour la production que pour la distribution.
Bien que dangereux pour la santé, les produits PIP ont obtenu une certification de l’entreprise privée TÜV Rheinland. Ce laboratoire a en effet validé le sérum PIP comme technologie physiologique dépourvue de risque ; Jean-Claude Mas ayant délibérément fourni un échantillon d’implant conforme au moment des tests scientifiques. Lors de l’instruction, il a déclaré aux enquêteurs : « je savais que ce gel n’était pas homologué, mais je l’ai fait sciemment car le gel PIP était moins cher ». Il aurait par ailleurs dissimulé la véritable composition de ses articles à ses clients, ses fournisseurs mais aussi à ses propres employés, en faisant état de fausses factures.

500 000 personnes sont concernées à travers le monde par cette situation. En 2005-2006, les premières plaintes de patientes ont entraîné une condamnation de PIP aux États-Unis avant que des cas de ruptures de prothèses ne se multiplient l’année suivante au Royaume-Uni, en Espagne et en Amérique du Sud. Depuis un an et demi, une interdiction de commercialisation a été mise en œuvre et a frappé la société d’une amende globale de 1,4 milliard de dollars. Enfin, le sort très médiatisé d’une femme, morte d’un lymphome, a provoqué une forme de panique collective. En 2011, le parquet de Marseille a reçu près de 2400 plaintes et ouvert une information judiciaire pour « blessures et homicides involontaires ». Aujourd’hui, environ 30 000 explantations sont prévues afin de réduire le danger. Le principal accusé de l’affaire, Jean-Claude Mas risque, quant à lui, quatre ans d’emprisonnement.

Cadrage théorique

1. Une labellisation externalisée. Devenus incontournables, les labels représentent désormais un gage de sécurité sanitaire. Ce mécanisme se généralise afin de mieux protéger le consommateur vulnérable face à des informations nombreuses et parfois peu fiables. Or, cette authentification publique des normes nationales, communautaires et internationales est confiée à des entreprises privées.
2. Une expertise médicale au service d’intérêts privés. Souvent déifiée par les commentateurs, l’expertise fait foi lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité d’un produit. Cependant, il convient de rappeler que les processus de validation scientifique demeurent bien souvent tributaires de logiques politiques et économiques. De ce fait, sa neutralité est sujette à caution et doit être remise en question.

Analyse

De nos jours, la valeur de l’expertise semble de plus en plus importante : elle est quasiment sacralisée, principalement quand elle concerne du matériel médical, naturellement en lien direct avec les questions de santé publique. Dans ce cadre, les implants PIP revêtaient – avant même leur interdiction – une double caractéristique : ils restaient les moins chers sur le marché mondial, tout en conservant apparemment les qualités médicales évaluées et confirmées par des cabinets indépendants. Soulignons le fait que l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux Publiques) approvisionnait alors en dispositifs PIP trois centres anticancéreux publics à Paris.

A priori, le scandale PIP pourrait apparaître comme un cas isolé d’erreur due aux agissements frauduleux d’une seule personne : Jean-Claude Mas. Mais en réalité, un manque de réglementations internationales a été souligné aussi bien par les gouvernements européens que par des acteurs non-étatiques ou des réseaux d’individus, groupes de médecins ou associations de victimes comme l’association des porteuses de prothèses PIP. Dans la mesure où les implants en silicone sont considérés comme de simples dispositifs médicaux – c’est-à-dire à faible degré de risques et non essentiels, ils sont réglementés par la norme ISO 14607 : 2007 « qui spécifie les exigences relatives aux implants mammaires destinés à des fins cliniques ». Or, cette règle peu contraignante permet à l’industriel de labéliser l’évaluation des performances de sa propre production.

En Europe, la matériovigilance sanitaire astreint le fabricant à une procédure de validation par un des 70 organismes certificateurs parmi lesquels TÜV Rheinland, laboratoire indépendant qui joue le rôle d’expert symbolisant l’éthique médicale. Cependant, il n’assure pas en réalité d’examens approfondis. Il est plutôt spécialisé dans l’installation d’entreprises de biens médicaux, avec pour objectif de voir ses clients réaliser le maximum de profits financiers.

Les gouvernements se sont engagés en faveur d’un retrait préventif du produit au nom du principe de précaution. Dès lors, on comprend bien que leur responsabilité économique est impliquée par ce scandale. Si la justice américaine exige de la PME française un dédommagement, en France, la Sécurité Sociale devrait en revanche participer financièrement. En retour, l’assurance maladie a porté plainte pour « tromperie aggravée et escroquerie » afin d’être remboursée des probables 60 millions d’euros d’indemnisation accordés aux victimes. Ce bien transnationalisé (prothèse PIP) souligne, s’il en était besoin, l’hétérogénéité de juridictions gouvernementales qui se montrent démunies devant une affaire sanitaire dépassant le strict cadre des souverainetés étatiques.

Xavier Bertrand, Ministre français de la Santé, exige à présent la mise en place d’un processus de suivi complet des dispositifs médicaux. Toutefois cette veille normative, sous vigilance publique, reste assurée par des groupes privés. La santé devient ainsi « indissolublement liée à un système d’économie de marché, fondée sur les forces spontanées des agents économiques et politiques qui y interviennent ». Autrement dit, l’apparat d’un objectivisme scientifique non faussé cache une recherche exacerbée du profit. L’abus de position dominante dans le domaine de la santé, déjà dénoncée dans l’affaire du médiator, continue de constituer toujours un risque; surtout lorsque l’on sait que plus de 60% des membres de l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé) détiennent des intérêts au sein des firmes pharmaceutiques.

Références

Behar-Touchais Martine, « Le Conseil de la concurrence et la santé », Les Tribunes de la santé, (15), fev.2007, pp. 63-77.
Demme Géraldine, « Le secteur de la santé face au droit de la concurrence », Regards sur l’économie allemande, (95), mars 2012, pp.27-32.
Paule Clément, « La Marchandisation mondiale de la santé publique, La stratégie entrepreneuriale des firmes pharmaceutiques », Passage au crible, Chaos International, (11), janv. 2010, pp. 1-2.
Guelfi Marie-Claude, « Les dangers des lits médicalisés », Gérontologie et société, (116) jan.2006, pp. 77-83.
Kerouedan Dominique, Santé internationale. Paris, Presses de Sciences Po, 2011.
20min.fr, Santé ; « Prothèses mammaires PIP : Jean-Claude Mas admet la tromperie sans regrets »: http://www.20minutes.fr/sante/853770-protheses-mammaires-pip-jean-claude-mas-admet-tromperie-aucun-regret, dernière consultation : 8 janvier 2011.

PAC 52 – Une conception trompeuse de la puissance Le rachat des firmes européennes par la Chine

Par Alexandre Bohas

Passage au crible n°52

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Nombreux sont les observateurs qui s’émeuvent des rachats de firmes emblématiques opérées sur le Vieux Continent par les Chinois alors que dans le même temps, ils regrettent les délocalisations et les IDE (Investissements Directs à l’Etranger) réalisés par les firmes européennes hors d’Europe. Dans les deux cas, ces Cassandres s’attristent du déclin. Ceci nous conduit à préciser le concept de puissance afin de mieux comprendre les relations multidimensionnelles de pouvoir se déroulant sur la scène mondiale.

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

Ces dernières années, les entreprises chinoises ont massivement investi en Europe profitant du faible cours des bourses. Faisant la Une des journaux, elles ont pris des participations – majoritaires ou minoritaires – dans des entreprises reconnues à l’instar de Volvo (Suède), le Château de Viaud (France), Club Med (France) ou Rover (Royaume-Uni), mais aussi d’entités spécialisées et innovantes comme Medion (Allemagne), Elkem (Norvège) ou BorsodChem (Hongrie), ou encore de sociétés de logistique et de distribution à l’image de Marionnaud (France), du Port de Pirée (Grèce), et de L’Occitane (France).

Au total, de 2007 à 2010, les IDE chinois y ont cru de 339% contre 133% en Amérique du Nord et 115% en Amérique du Sud. Représentant 64 milliards d’euros pour la seule période d’octobre 2010 à mars 2011, ils devraient se poursuivre puisque les réserves de change publiques s’élèveraient en Chine à 3 620 milliards d’euros. Autant dire que se profile l’opportunité d’acquérir les 80 plus grandes firmes de la zone euro. Notons cependant qu’ils ne constituent pour l’heure que 2% des fonds investis d’origine extracommunautaire.

De telles acquisitions signifient, à n’en pas douter, une dépendance à l’égard des compagnies chinoises, des transferts de technologie en leur faveur et leur montée en gamme. Certains identifient cette percée à la politique de Pékin, zouchuqu (« Esprit de conquête »), qui soutient les ambitions commerciales de ses firmes grâce à l’Eximbank, un établissement de crédit dédié. Tous ces enjeux n’ont pas manqué d’entraîner de nombreuses réactions hostiles en Europe, un continent engagé dans une crise financière préfigurant désormais une récession économique.

Cadrage théorique

1. Une irréductibilité de la puissance à une somme d’actifs. La puissance doit s’envisager de manière structurelle comme résultant d’arrangements politiques, culturels, sociaux et économiques. Elle ne doit pas être appréhendée de manière substantialiste, elle ne se détient pas. En d’autres termes, nous ne pouvons pas au sens strict avoir de la puissance mais seulement être puissants. Aussi importe-t-il d’abandonner l’ontologie néo-réaliste qui l’évalue d’après le seul nombre des divisions, militaires ou économiques.

2. Une compétitivité des acteurs dans l’interdépendance. Loin du néo-mercantilisme lancinant, il s’agit de voir que la compétitivité se fonde sur des relations d’interdépendances complexes : les collectivités territoriales bénéficient des investissements directs et indirects à l’étranger d’organisations non-étatiques tandis que ces dernières prospèrent grâce à des implantations stratégiques dans des pôles d’excellence développés avec des partenariats public-privé. Si les économistes néo-classiques – à la suite des études d’Heckscher-Ohlin-Samuelson ou de Michael Porter – partent à juste titre de l’abondance des facteurs de production pour expliquer le commerce international, ces théories doivent prendre en considération la mondialisation contemporaine qui se traduit par une triple transnationalisation : celle des échanges, des firmes et des investissements.

Analyse

A l’instar des firmes occidentales, les transnationales chinoises cherchent à détenir à travers leurs rachats des actifs essentiellement immatériels tels que les nouvelles technologies, la notoriété et les imaginaires dont témoignent les marques et les symboliques des productions européennes haut de gamme. La valeur de ceux-ci s’est accrue dans une configuration de marché saturée et caractérisée par une homogénéisation des productions destinées à une clientèle exigeante. Désormais, l’expérience de la consommation, et non plus le simple achat de produits, crée la valeur que les Chinois convoitent et visent à acquérir. Soulignons combien ces narrations commerciales demeureront toujours inhérentes aux créateurs et associées aux hautes technologies des centres de recherche du Vieux Continent, toutes issues d’un lieu propre et d’une culture singulière. Or, elles se développent grâce à des concentrations institutionnelles et des tissus socio-industriels qu’une relocalisation réduirait à néant.

En outre, l’innovation et la gestion des activités rachetées par les Chinois restent le fruit de « manipulateurs de symboles » (R. Reich), dont les fonctions sont difficilement interchangeables. En effet, les différentes étapes de la production requièrent un personnel hautement qualifié et fortement rémunéré. On comprend mieux, à cet égard, les enjeux de l’information, des savoirs et la place cruciale accordée à la recherche. Autant dire que cette non-réplication du travail accompli s’avère encore le fondement principal de la puissance européenne et de sa valorisation à l’échelle mondiale. Les investissements directs de la Chine représentent la source d’implantations futures en Asie et un surplus d’activité pour l’Europe. Bien qu’aidés par le gouvernement de Pékin, ils se fondent sur des stratégies firmales qui ont estimé le potentiel de croissance plus prometteur que pour d’autres actifs existant aux États-Unis, au Japon ou même en Chine.

Enfin, ces fonds investis dans les domaines socio-culturels et symboliques consacrent la place prépondérante d’un mode de vie occidental dans lequel le consommateur euro-américain figure comme client principal et les sociétés occidentales se présentent comme la référence. Tandis que l’on voit souvent dans le consommateur chinois un relais de croissance pour l’Empire du Milieu, force est de constater qu’il n’en est rien. Ses entreprises restent centrées sur l’Occident, reconnaissant implicitement son économie-monde, malgré les crises systémiques et les remises en question de son modèle auxquelles il fait actuellement face.

Si l’on prend soin de dépasser une conception erronée de la puissance, il est alors impossible de conclure hâtivement aujourd’hui que ces rachats chinois signifient un changement de système en faveur du continent asiatique.

Références
Baldwin Robert, The Development and Testing of Heckscher-Ohlin Trade Models: A Review, Cambridge (Mass.), MIT Press, 2008.
Cerny Philip, Rethinking World Politics. A Theory of Transnational Neopluralism, Oxford University Press, Oxford, 2010.
Fromm Erich, Avoir ou être ? Un choix dont dépend l’avenir de l’homme, trad., Paris, Editions R. Laffont, 1978.
Julian Sébastien, « La carte des investissements chinois en Europe », L’Expansion, 25 Nov. 2011, disponible sur le site web :
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/la-carte-des-investissements-chinois-en-europe_272330.html
Juvin Hervé, « Union européenne – Ce libre-échange qui nous ruine », L’Expansion, 19 déc. 2011, disponible sur le site web : www.lexpansion.fr.
Nueno Pedro, Liu Gary, « How Geely Watched and Waited for Volvo », Financial Times, 19 Dec. 2011.
Porter Michael, L’Avantage concurrentiel des nations, Paris, Dunod, 1993.
Reich Robert, L’Economie mondialisée, Paris, Dunod, 1993.
« Volvo Cars ne regrette pas son passage sous pavillons chinois », Les Echos, 21 nov. 2011, p. 22.
Walt Vivienne, « Feasting On Europe », Time, 19 Dec. 2011, pp. 51-54.

PAC 51 – La désacralisation du monopole diplomatique des États La comparution du soldat américain Manning devant la justice militaire, le 16 décembre 2011

Par Josepha Laroche

Passage au crible n°51

Bradley ManningSource: Wikipedia

Le 16 décembre 2011, le soldat américain Bradley Manning a comparu devant la justice militaire à Fort Meade dans le Maryland. Il est soupçonné d’avoir fourni à WikiLeaks entre novembre 2009 et mai 2010, des documents de l’armée américaine concernant les guerres en Irak et en Afghanistan. Il aurait également téléchargé et transmis 260 000 câbles diplomatiques émanant du Département d’État. Ces notes impliquant de très nombreux pays ainsi que des personnalités politiques et militaires. Cette taupe présumée est par conséquent accusée de « collusion avec l’ennemi », « diffusion de renseignements militaires », « publication sur Internet de renseignements en sachant qu’ils seront accessibles à l’ennemi » ainsi que de « fraude et violation du règlement militaire ».

Agé de 23 ans, Bradley Manning, qui est en prison depuis juillet 2010, jouit d’une importante couverture médiatique et bénéficie de soutiens parmi la population américaine, notamment dans les milieux pacifistes. Sa défense a dénoncé d’emblée la partialité du tribunal. Elle a demandé alors au procureur militaire de se récuser mais elle n’a pas été suivie. L’audience préliminaire doit durer 5 jours. Au cours de cette comparution, il ne s’agit pas de déterminer si le soldat est coupable ou innocent, la juridiction va uniquement passer en revue les accusations qui le visent. Les enquêteurs devront simplement dire s’ils se prononcent pour qu’une cour martiale se saisisse ensuite de l’affaire. En tout état de cause, le procès ne devrait donc pas se tenir avant le printemps 2012. Cependant, le jeune inculpé risque une condamnation à la perpétuité.

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

Bénéficiaire présumé de ces fuites et donc indirectement partie prenante de cette affaire, le site web WikiLeaks a été créé en décembre 2006. Il divulgue depuis, de manière anonyme, non identifiable et sécurisée, des informations confidentielles à caractère politique, social, économique et militaire. Il entend ainsi œuvrer en faveur d’une transparence qu’il souhaiterait planétaire. Selon son fondateur, Julian Assange, les sources que reçoit son réseau sont soumises pour analyses, commentaires et enrichissements « à l’examen d’une communauté planétaire d’éditeurs, relecteurs et correcteurs wiki bien informés » ; son objectif à long terme étant de devenir ainsi « l’organe de renseignements le plus puissant au monde ». Ce projet conjugué au savoir-faire de Bradley Manning – analyste du renseignement en Irak – a été d’emblée perçue par l’administration américaine comme relevant purement et simplement de la conspiration.

Cadrage théorique

Retenons deux lignes de force :

1. Remise en cause de la dichotomie sacré/profane au fondement des États

La puissance étatique s’est construite sur la loi des monopoles comme l’a bien établi Norbert Elias, autrement dit sur un principe d’exclusion. Or, Bradley Manning et le site WikiLeaks ont frontalement remis en cause le monopole diplomatique en transgressant tous les interdits qui s’attachent à l’espace étatique. On ne s’étonnera pas dans ces conditions que les chefs d’État et de gouvernements aient multiplié les déclarations de réprobation, d’hostilité et qu’ils aient même décidé de criminaliser le dossier.

2. Violation de la loi du secret

Le dialogue et la négociation interétatiques ne sauraient s’épanouir sans une part de secret. En fait, la diplomatie cache autant qu’elle montre. Depuis des siècles, sont ainsi dissimulées les correspondances avec les agents de la puissance publique et les instructions qu’ils reçoivent de ses plus hauts représentants. Aussi, qu’il s’agisse de simples lettres ou de missives plus confidentielles, les documents sont systématiquement chiffrés selon des codes très élaborés. En l’occurrence, cette loi est une technique et une forme d’action politique attribuant de la valeur à une information qui n’en aurait pas nécessairement si elle restait tout simplement accessible. C’est avant tout l’interdit qui la rend précieuse ; c’est l’interdit qui protège le monopole et sanctuarise ainsi l’État. Ce faisant, le secret doit s’analyser comme un attribut essentiel de la puissance régalienne qui confère à ses détenteurs un privilège et une distinction les plaçant en position d’exception. Autrement dit, c’est tout cet ordonnancement multiséculaire que Bradley Manning a violé et désacralisé en révélant au monde entier des données constitutives du secret d’État.

Analyse

Pendant plus de trois siècles, la politique mondiale a été fondée sur un système d’États souverains qui ne reconnaissaient aucune autorité comme leur étant supérieure. Pendant plus de trois siècles, ces États ont réglé leurs conflits par la guerre ou la diplomatie. Mais avec la fin de la Guerre froide nous avons assisté à une nouvelle distribution du pouvoir à l’échelle mondiale et cet ordre interétatique et hiérarchique qui avait prévalu jusqu’ici, s’est trouvé irrémédiablement bouleversé. Les États ont dès lors cessé d’être des acteurs prépondérants au point que leurs systèmes d’alliances, qui avaient caractérisé jusqu’ici l’ordre international, ont été affaiblis. L’affaire Bradley Manning/Wikileaks apparaît à cet égard emblématique car elle montre bien que le monde des États est aujourd’hui concurrencé par un univers polycentrique et complexe constitué d’intervenants non-étatiques. Ces « acteurs hors souveraineté » (Rosenau), très diversifiés apparaissent plus autonomes et bien souvent en concurrence les uns avec les autres. Bref, ces forces sous-jacentes se montrent parfois capables de bénéficier de cette réattribution de l’autorité.
Dans ce contexte, on voit également que la mondialisation de l’information et la révolution numérique n’ont pas seulement révolutionné le modèle éditorial et économique de la presse dans le monde entier, elles ont tout autant subverti profondément la structure étatique. En effet, les notions classiques de territoire, de souveraineté, d’autorité étatique et de monopole diplomatique cèdent à présent le pas devant l’émergence de solidarités extra-étatiques et transnationales. Désormais, les acteurs étatiques doivent compter avec l’ensemble, parfois subversif, de protagonistes non-étatiques comme les journalistes, les associations, les groupes informels émanant des réseaux sociaux, voire de simples skillful individuals comme Manning qui, au nom d’une certaine conception de la démocratie, de la cyber citoyenneté, de la liberté ou même pour éprouver la prouesse informatique d’un super geek, ont recours à Internet pour faire avancer leur cause et tenter de la préserver de tout droit de regard étatique.

Références

Elias Norbert, La Dynamique de l’Occident, trad., Paris, 1975.
http://www.guardian.co.uk/world/blog/2010/dec/03/julian-assange-wikileaks
http://www.wikileaks.ch/
http://www.cbsnews.com/8301-504803_162-20029950-10391709.html?tag=contentMain;contentBody
Rosenau James N., Turbulence in World Politics: a Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press, 1990.
Simmel Georg, Secret et sociétés secrètes, [1908], trad., Paris, Circé, 1991.
Strayer Joseph, Les Origines médiévales de l’État moderne, trad., Paris, Payot, 1979.