Jan 22, 2013 | Articles, Fil d'Ariane, Publications
Par Rémy William Angora, Florent Bédécarrats et Cécile Lapenu
Evidence from 126 Assessments
www.cerise-microfinance.org cerise@globenet.org
Abstract
Is social performance profitable?
The question may be cynical, but nevertheless relevant for microfinance to keep its “promise” of being an economically viable development tool (Morduch, 1999). For years, the sector focused on sustainability and growth, measured in terms of financial performance. For the most part, sSocial performance was taken for granted, which led many microfinance institutions (MFIs) to neglect its measure and management. Concerned by this trend, pioneer practitioners, investors and donors have taken steps to address social performance by developing tools, methodologies and assessment frameworks. As criticism of the sector has increased, social performance has been mainstreamed (Copestake, 2007). But has it been expense of financial performance?There are contradicting viewpoints regarding the pairing of financial sustainability and social objectives. Some observers suggest an incompatibility, pointing to problems of mission drift experienced by MFIs that pursue profitability by insisting on physical guarantees, increasing loan amounts and targeting the better-off (Christen, 2001). Others emphasize synergy, arguing that social performance improves mutual trust, client participation and satisfaction, which translates into higher repayment rates and lower transaction costs (Lapenu, 2007). While these assertions draw on case studies, the research has not been extensive enough to draw sector-wide conclusions.Insufficient data has long been the main obstacle to answering this question. Reliable results are simply not easy to come by. Impact studies are limited, costly to replicate and difficult to compare (Copestake, 2003). Recent works using sophisticated techniques (Cornée, 2006; Gurtierrez-Nieto & al., 2007; Cull et al., 2009; Mersland & Strøm, 2009; Lensink & Niels, 2009) have mainly used financial data and inadequate social performance indicators such as portfolio size, average loan size or number of women clients (Armendariz & Szafarz, 2009; Dunford, 2002). These proxies offer little more than a vague idea of depth of outreach–only one of the many dimensions of social performance. Moreover, they only account for credit operations, effectively ignoring other aspects of microfinance.
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Jan 7, 2013 | Industrie numérique, Mondialisation, Passage au crible
Par Justin Chiu
Passage au crible n°82
Pixabay
Le 21 décembre 2012, la Commission européenne a adressé un avertissement à Samsung pour lui reprocher l’abus de sa position dominante sur le marché européen dû à l’utilisation excessive de ses brevets. En effet, les procès pour violation de brevets entre Apple et Samsung se poursuivent au Japon, en Corée du Sud et dans plusieurs pays occidentaux. N’oublions pas qu’aux États-Unis par exemple, le groupe sud-coréen a été condamné en août 2012 à verser à Apple une amende record d’un milliard de dollars.
Par ce rappel à l’ordre, la Commission devient la première instance supranationale à intervenir pour tenter d’apaiser les tensions entre les deux géants de l’électronique. Néanmoins, la question se pose de savoir pourquoi les fabricants de smartphones ont recours aux brevets de leurs concurrents, tout en sachant pertinemment qu’ils risquent des ennuis judiciaires.
> Rappel historique
> Cadrage théorique
> Analyse
> Références
Rappel historique
Depuis le lancement du Motorola DynaTAC 8000, le premier téléphone mobile commercialisé aux États-Unis en 1983, le développement du marché de la téléphonie mobile symbolise à lui seul le progrès technique. Mais il faut attendre l’arrivée de la norme GSM (Global System for Mobile Communication, autrement dit 2G ou la norme numérique de deuxième génération) au milieu des années quatre-vingt-dix pour que ce nouveau marché prenne un réel essor. Avec cette avancée technique, la transmission de données est passée du mode analogique au mode numérique et le coût de communication s’en est trouvé largement réduit. Dès cette époque, le secteur des télécommunications s’est caractérisé par sa financiarisation. À la suite de sa dérégulation à l’échelle planétaire, les opérateurs historiques de la Triade, devenus des firmes privées, ont multiplié des opérations de fusion-acquisitions, notamment dans les pays en développement.
Avec l’arrivée de la norme 3G au milieu des années 2000, le secteur des télécommunications est entré dans une période de transformation ; le haut débit rendant possible l’intégration de nouveaux services – l’utilisation des contenus audiovisuels ou des applications – dans un mobile et permettant ainsi l’émergence d’un nouvel écosystème. Dans ce dernier convergent trois industries : la téléphonie mobile, l’électronique et le logiciel. Or, les opérateurs des télécoms qui contrôlaient jusqu’ici la majorité des bénéfices perdent leurs marges au profit de fabricants de téléphones multifonctions, lesquels possèdent plus de ressources techniques et se trouvent dans une meilleure position pour relier ces trois industries.
Rappelons que le marché mondial des smartphones est en pleine expansion. Il a progressé de 40% au deuxième trimestre 2012 par rapport à 2011, avec 153,9 millions d’unités écoulées. Á eux seuls, Samsung et Apple se sont appropriés près de la moitié du marché. Présent sur le secteur des télécommunications depuis de nombreuses années, Samsung détient un grand nombre de brevets portant sur des standards essentiels de la norme 3G dont aucun autre fabricant ne peut se passer. Quant à Apple, ses brevets concernent davantage des interfaces de pilotage et le design dont s’inspirent la plupart des créateurs de smartphones. Effectivement, les techniques du smartphone s’échangent et s’empruntent entre fabricants. Mais, engagés dans une guerre commerciale féroce, ils doivent constamment trouver de nouveaux moyens d’augmenter leurs ventes. En dernière instance, recourir à la justice pour freiner les ventes des concurrents constitue une ultime stratégie. Depuis la première plainte de Nokia contre Apple déposée en octobre 2009, les contentieux relatifs aux brevets et opposant les concepteurs de smartphones ne cessent par conséquent de marquer l’actualité internationale.
Cadrage théorique
1. Un secteur des télécommunications anarchique. La démultiplication et la transnationalisation des procès opposant les producteurs de smartphones et de tablettes démontrent l’absence d’une gouvernance mondiale des télécommunications. En fait, les règlements des télécommunications internationales de l’UIT (Union internationale des télécommunications) établissant les principes généraux dans ce domaine apparaissent aujourd’hui tout à fait inadaptés. En fait, ce traité n’a pas été révisé jusqu’à la conférence mondiale des télécommunications internationales qui s’est tenue en décembre 2012. Signé en 1997, l’accord de l’OMC sur les télécommunications a marqué la dérégulation des services des télécoms, mais sa règlementation s’impose difficilement à ce secteur, contrôlé auparavant par les États-nations. Or, en l’absence d’une autorité capable de résoudre les litiges sur le plan mondial, les régulations s’établissent encore sur le plan national, les décisions juridiques restant fragmentaires.
2. Une propagation transnationale des techniques. Si les normes et les standards dans les télécoms semblent à présent unifiés à l’échelle mondiale, c’est parce que depuis trois décennies les opérateurs s’approvisionnent au sein d’un marché mondialisé. Ce processus rend possible l’interopérabilité de la téléphonie mobile, d’autant que la communication internationale représente une nécessité cruciale, tant pour les entreprises que pour les individus. Les fabricants de smartphones se situent au cœur des industries innovantes et le smartphone constitue un produit conçu pour le marché mondial. Dans la mesure où les progrès techniques se cumulent et s’échangent, ces firmes sont obligées de créer des produits techniquement toujours meilleurs. Dans cette logique, l’utilisation même non autorisée de certaines techniques brevetées s’avère nécessaire, voire obligatoire.
Analyse
Selon Marcel Mauss, la technologie, discipline qui étudie les techniques, forme une part non négligeable de la sociologie. Autrement dit, aborder le sujet de l’industrie du smartphone dans le cadre des Relations internationales n’a pas pour objectif principal d’énumérer les performances économiques et l’avancement de l’innovation réalisés par ces firmes. En revanche, il est important de comprendre comment les changements rapides et intenses issus du secteur transforment notre société en profondeur. En effet, le smartphone n’est pas seulement un outil de communication. Tout comme le premier mobile classique, il est d’abord un symbole de réussite sociale, comme en témoigne le succès des premiers terminaux Blackberry détenus par une clientèle business. Mais le mode de vie de la classe supérieure se répand tôt ou tard aux autres couches de la société, et le prix toujours moins élevé des produits électroniques de consommation, contribue à démocratiser le smartphone. En outre, les réseaux sociaux et les applications façonnent une nouvelle demande car les utilisateurs ont désormais besoin d’être connectés en permanence et de partager avec le monde extérieur.
Si le marché mondial des smartphones se caractérise par un oligopole composé d’une poignée de firmes transnationales, c’est parce qu’il est difficile d’y entrer sans un grand portefeuille de brevets et d’importantes ressources juridiques. La concurrence reste rythmée par les résultats de vente publiés tous les trimestres sous forme de parts de marché. Puisque le marché mondial ne cesse de s’étendre, les acteurs qui ne pénètrent pas de nouveaux marchés ou ne maintiennent pas leurs acquis sont vite condamnés à régresser, d’autant que leurs mauvaises perspectives pourraient entraîner très vite une baisse de leur capitalisation boursière. Sans compter que le cycle de vie des produits informatiques ne cesse de se réduire, tandis que le coût d’investissements en R&D ne cesse d’augmenter. Par conséquent, les firmes en difficulté peuvent difficilement sortir de ce cercle vicieux pendant que les firmes en position dominante en profitent pour renforcer leurs ventes. C’est pour cette raison que la Commission européenne rappelle à Samsung qu’il lui faut concéder des licences pour ses brevets jugés essentiels en tant que standard d’industrie. Cependant, les brevets opposés par Apple à Samsung n’affectent pas a priori les fonctions des terminaux. Cela explique pourquoi Samsung se retrouve plus souvent en mauvaise posture devant les juridictions.
Si les attaques judiciaires des fabricants de smartphones demeurent virulentes, n’oublions pas que ceux-ci négocient aussi sans cesse en dehors des tribunaux. En novembre 2012, à la surprise générale, Apple et HTC ont par exemple conclu un accord mettant un terme aux procédures en justice ouvertes en mars 2010, ainsi qu’un accord de licence croisé d’une durée de dix ans leur permettant de se partager les brevets existants et à venir. En fait, affaiblie par les procès, la firme taïwanaise n’est plus la cible d’Apple. Ayant été longtemps partenaire de Google et Microsoft, HTC devient à présent surtout un allié de circonstance pour Apple.
Il est clair que la guerre des brevets persistera entre Samsung et Apple tant que ces firmes se maintiendront en position dominante sur le marché. Paradoxalement, le véritable enjeu ne réside pas dans les brevets en question mais bien plutôt dans les stratégies entrepreneuriales de ces fabricants de smartphones et dans l’absence d’un arbitrage sur le plan mondial.
Références
Commission européenne, « Abus de position dominante: la Commission adresse une communication des griefs à Samsung pour utilisation abusive possible de brevets essentiels liés à une norme de téléphonie mobile », Communiqué de presse, 21 déc. 2012, à l’adresse web : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-1448_fr.htm [28 déc. 2012]
Elias Norbert, La Dynamique de l’Occident, trad., Paris, 1975.
Le Monde, « Samsung condamné à verser plus d’un milliard de dollars à Apple », 25 août 2012, à l’adresse web: http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/08/25/guerre-des-brevets-apple-remporte-une-victoire-ecrasante-contre-samsung_175 0814_651865.html [28 déc. 2012]
Mauss Marcel, Techniques, technologies et civilisation, Paris, PUF, 2012.
Musso Pierre, Les Télécommunications, Paris, La Découverte, 2008. Coll. Repères.
Roseau James N., Sign J. P. (Ed.), Informations Technologies and Global Politics, The Changing Scope of Power and Governance, Albany, State University of New York Press, 2002.
Strange Susan, The Retreat of the State. The Diffusion of Power in the World Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.
Jan 2, 2013 | Internet, Mondialisation, Passage au crible
Par Alexandre Bohas
Passage au crible n°81
Pixabay
La conférence de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) qui s’est terminée à Dubaï en décembre 2012 par un désaccord entre ses États-membres, concernait le type de régulation destiné à internet. Or, ce manque de consensus s’avère pourtant décisif pour l’avenir du secteur lui-même tandis qu’il révèle des antagonismes de puissances et de visions du monde.
> Rappel historique
> Cadrage théorique
> Analyse
> Références
Rappel historique
Depuis la fin du XIXe siècle, l’UIT régule la télégraphie, la téléphonie et la radiophonie, en particulier à travers l’attribution des fréquences radiophoniques. Placée sous le contrôle des Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale, elle est encore souvent considérée comme spécialisée et technique. Cependant, cette conception a été remise en cause, dans les années soixante-dix, par les tenants du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Télécommunication qui en ont souligné les dimensions politiques.
Bien qu’internet se soit développé hors de l’organisation, il appartient aux domaines des technologies de l’information et de la communication. Il est géré par une organisation à but non-lucratif basée en Californie, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Celle-ci prend en charge, d’une part, le système des noms de domaine et, d’autre part, la coordination des actions en faveur de la sécurité, de la stabilité et de l’unité au sein de cet espace virtuel. Ses fonctions lui confèrent une influence considérable avec l’introduction de ce média dans l’ensemble des sphères sociales, économiques et politiques. C’est pourquoi la Chine, la Russie et l’Arabie Saoudite ont souhaité l’intégrer au régime de l’UIT malgré l’opposition des nations occidentales. Pour justifier leur décision, ils ont invoqué « le droit pour chaque gouvernement de gérer les codes, adresses, noms et identifications internet »1. À la suite du vote de cette proposition par une majorité d’États, 55 pays conduits par les États-Unis ont refusé de signer tout traité comprenant un tel élargissement de compétences qui menacerait, selon eux, le modèle de gouvernance et l’unicité d’internet.
Cadrage théorique
Le système international comme « bloc historique ». D’après la perspective holiste de Gramsci, la sphère mondiale serait marquée par la domination de coalitions hégémoniques, dotées d’assises économiques, sociales, institutionnelles et idéologiques (Robert Cox et Stephen Gill). Ce faisant, les États ne constitueraient que des superstructures hétérogènes, enjeux de luttes, alors que les intérêts, organisations et groupes transnationaux engendreraient la structuration globale. Ce paradigme revêt l’avantage de chercher à identifier les changements de système, tout en échappant au travers stato-centriste.
Les gouvernances mondiales au service de la prépondérance américaine. La mondialisation favorise l’essor des « processus et institutions formels et informels par lesquels des règles sont créées, leur respect obtenu et des biens accordés dans la poursuite d’objectifs collectifs »2. Les acteurs non-étatiques s’y trouvent pleinement reconnus au détriment des gouvernements qui perdent leur statut privilégié. Ces types de régulations politiques hybrides entérinent donc les nouveaux rapports de force, en même temps qu’ils renforcent une configuration de l’international favorable aux États-Unis.
Analyse
Les conflits portant sur internet mettent en lumière l’ampleur des bouleversements provoqués par ce média dans les pays en développement. Fruit d’une technologie et de découvertes occidentales, son usage implique des valeurs telles que la liberté d’expression et l’égalité entre utilisateurs ainsi que des interdépendances et des solidarités transnationales. En outre, ses contenus accessibles partout dans le monde projettent des idéologies, des représentations spécifiques ainsi que des manières de vivre. À cet égard, ses dimensions socioculturelles sont transmises dans le reste du monde à mesure qu’il se déploie. D’où la méfiance, voire l’opposition, des élites gouvernantes dont les régimes se trouvent en contradiction avec les messages délivrés sur la toile. Cette dernière sape en effet les fondements de leurs pouvoirs en les frappant d’illégitimité et en permettant des moyens d’action décuplés aux skilled individuals. On se souvient que par ce concept, James Rosenau a voulu souligner les capacités et les ressources accrues des individus sur la scène globale.
Par ailleurs, cette opposition à l’édification d’un espace numérique rend compte d’une réaction des États-nations contre la prolifération de foyers transnationaux de gouvernance où ils se trouvent dépassés par des acteurs et processus non-étatiques. Par rapport à une organisation internationale, ces instances favorisent implicitement les sociétés civiles. À titre d’exemple, la direction de l’ICANN se compose d’un conseil de 16 membres qui représentent les milieux informatiques, les communautés régionales d’internautes, et les entreprises de l’e-business, notamment à travers le Generic Names Supporting Organization et l’At-Large Advisory Committee ; alors que les États n’y sont associés qu’à titre consultatif, grâce au Governement Advisory Committee. Présents, ils demeurent donc sans statut privilégié. Autant dire qu’ils sont contournés par cette organisation qui entretient directement des liens avec des membres des sociétés civiles – spécialistes techniques, militants, internautes et opérateurs économiques – grâce à des rencontres régulières et une participation au sein de ses organes de nomination et de décision.
Ajoutons que les structures étatiques de type autoritaire demeurent structurellement faibles dans ces configurations en raison des contraintes qu’elles imposent à leurs groupes sociaux. En cela, la gouvernance mondiale favorise la prépondérance américaine qui se caractérise par le dynamisme et la diversité de sa société. Ce mode de régulation lui assure une prépondérance de fait face à la montée de puissances étatiques, qui sont portées par des hommes forts, une croissance à marche forcée et des fonds souverains. Il contribue par conséquent institutionnellement au « bloc historique » américain. En dénonçant l’accord de Dubaï, les États-Unis se font les porte-parole des intérêts économiques de l’Occident dont les technologies de l’information et de la communication constituent le fer de lance. De plus, le libre exercice d’internet renforce les avantages concurrentiels de ses grandes compagnies qui sont déjà pleinement développées. Enfin, en défendant internet, elle s’assure du soutien des opinions occidentales, des militants des libertés, mais aussi des internautes silencieux des pays en développement. Ainsi gagne-t-elle un assentiment implicite de type hégémonique, qui concourt à l’expansion de son système international.
Cette étude nous conduit à rattacher l’évolution des institutions internationales à la structuration de la sphère mondiale. Seule une perspective systémique permet d’identifier ces liens, ce qui rend possible une politisation de ces transformations gouvernementales, réputées fonctionnelles.
Références
Cox Robert W., Sinclair Timothy J., Approaches to World Order, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.
Garber Megan, « How the UN’s ‘Game-Changing’ Internet Treaty Failed », Atlantic online, 14 Dec. 2012.
Gill Stephen, Gramsci, Historical Materialism and International Relations, Cambridge, Cambridge University Press, 1993.
« Global Internet Diplomacy », The New York Times, 14 Dec. 2012.
IUT, Final Acts. Conference on International Telecommunications, 3-14 Dec. 2012, disponible à la page web : www.itu.int/en/wcit-12.
ICANN, Nominative Committee. Final Report, 2012, disponible à la page: http://nomcom.icann.org.
Kelley Lee, Global Telecommunications Regulation: A Political Economy Perspective, London, Pinter, 1996.
Koppell Jonathan, « Internet Corporation for Assigned Names and Numbers », in: Held David, Hale Thomas, The Handbook of Transnational Governance : Institutions and Innovations, Cambridge, Polity Press, 2011, pp. 176-182.
Rosenau James N., Turbulence in World Politics: a Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press, 1990.
« UN Telecom Treaty Approved Against U.S. Web-Censorship Concerns », The Washington Post, 13 Dec. 2012.
1. Garber Megan, « How the UN’s ‘Game-Changing’ Internet Treaty Failed », Atlantic online, 14 Dec. 2012.
2. David Held, Thomas Hale, The Handbook of Transnational Governance: Institutions and Innovations, Cambridge, Polity Press, 2011, p. 12.
Déc 22, 2012 | Développement, Environnement, Nord-Sud, Passage au crible
Par Weiting Chao
Passage au crible n°80
Source: Wikimedia
La 18e session de la Conférence des Parties à la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, COP 18) et la 8e session de la Conférence des Parties siégeant comme Réunion des Parties au Protocole de Kyoto, (CMP8) s’est tenue à Doha (Qatar) du 26 novembre au 8 décembre 2012. Ayant réuni près de 200 pays, ses négociations ont permis de prolonger le protocole de Kyoto jusqu’en 2020.
> Rappel historique
> Cadrage théorique
> Analyse
> Références
Rappel historique
Signé en 1997, le Protocole de Kyoto représente à ce jour le seul accord mondial imposant des obligations contraignantes aux pays industrialisés. Il se fonde sur la CCNUCC, signée par 153 pays en 1992 et qui affichait l’objectif de réduire leurs émissions de GES (gaz à effet de serre). Le protocole distingue l’Annexe I et non-Annexe I qui renvoient à deux groupes de pays. Ce traité pose le principe de responsabilités communes mais différenciées dans le respect de l’équité. En 2001, les États-Unis ont refusé de le ratifier, au motif qu’il porterait atteinte au développement de l’économie américaine. Cette décision s’est naturellement avérée préjudiciable pour le régime international. Dès lors, c’est l’UE (Union européenne) qui a joué un rôle de premier plan dans le maintien des négociations en cours.
Le Protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005, après la ratification de la Russie. Comme il devait expirer fin 2012, la période post-Kyoto a été évoquée dès 2005. Durant la Conférence de Bali (COP 13, 2007), les États parties ont adopté la feuille de route de Bali qu’ils devaient finaliser en 2009, à Copenhague. Mais aucun progrès significatif n’est intervenu alors. En effet, comme l’Accord de Copenhague n’est pas juridiquement contraignant, il n’impose donc pas aux États signataires de s’entendre sur un nouveau texte. En 2011, la Russie, le Japon et le Canada ont confirmé qu’ils ne participeraient pas à une seconde vague de réduction d’émissions dans le cadre d’un nouveau protocole de Kyoto. Quant aux États-Unis, ils ont réaffirmé leur volonté de rester hors du traité. En 2011, lors de la Conférence de Durban sur les changements climatiques, il a été décidé de créer un organe subsidiaire : le Groupe de travail ad hoc, partie intégrante de la Plateforme de Durban pour une action renforcée afin d’élaborer un autre document. L’adoption d’un accord universel sur cette question a été reportée à 2015, avec une entrée en vigueur prévue en 2020. Cependant, à Doha, les négociations ont abouti à une simple prolongation du Protocole de Kyoto jusqu’à l’année 2020.
Cadrage théorique
1. La procrastination, comme technique de négociation. Différer ad libitum la signature d’un règlement, tout en poursuivant les pourparlers constitue une stratégie diplomatique bien routinisée. Les parties en présence y ont recours lorsqu’elles ne souhaitent pas véritablement aboutir.
2. La persistance du clivage Nord-Sud. Après deux décennies de négociations, la confrontation entre les pays développés et les PED (pays en développement), s’est considérablement aggravée en raison du changement climatique, rendant ainsi la signature de tout nouveau traité d’autant plus difficile à réaliser.
Analyse
L’accord de Doha constitue un outil de faible efficacité pour régler le problème du réchauffement climatique. En effet, il permet simplement de maintenir le protocole et de faire en sorte que des négociations continuent de se tenir. La deuxième période du protocole engagera pour 8 ans (du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2020) l’UE, l’Australie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse, l’Ukraine, et Monaco. Mais ces pays ne représentent en fait que 15% des émissions mondiales de GES. En outre, ils ont pris des engagements disparates allant d’une réduction de 20% par rapport à 1990 pour l’UE, à une baisse de 0,5% par rapport à 2000 pour l’Australie. Enfin, cet arrangement n’engagera pas les États-Unis, Le Canada, le Japon, la Russie, la Nouvelle-Zélande et les pays émergents. A minima, il offre aux participants davantage de temps pour mettre en place des politiques de lutte contre le réchauffement climatique. Autrement dit, les PED ainsi que les pays hors du protocole de Kyoto peuvent encore profiter d’une rente de situation jusqu’en 2020. L’échec de la première séquence de Kyoto et le retrait des États-Unis soulignent le nombre considérable de Free Riders qui entendent s’exonérer des contraintes inhérentes à toute action collective (Olson). Pourtant, quand un joueur-clé se retire – a fortiori s’il y en a plusieurs – d’une action concertée, le bénéfice net de la mise en œuvre du plan arrêté devient alors négatif pour tous les autres, en raison des caractéristiques qui s’attachent au bien public mondial (atmosphère). Autre cas de figure : si l’ensemble des parties prenantes rejette la mise en œuvre du traité, cela conduirait à son annulation pure et simple. Or, les États parties ont tendance à osciller entre ces deux issues car ils considèrent qu’une non-conclusion représente finalement la meilleure des stratégies individuelles. Les récentes négociations ont ainsi été repoussées à la période post-Kyoto car les participants demeurent dans l’incertitude concernant les coûts et les bénéfices d’un tel accord. Ils ne peuvent donc se projeter dans l’avenir, ce qui conduit à une sous-évaluation du coût effectivement encouru au moment de son éventuelle mise en place ; sans compter qu’ils voudraient aussi savoir comment les autres vont s’engager. Tous ces éléments cumulés conduisent à perpétuer une stratégie de procrastination. Alors même que de nombreuses études scientifiques ont récemment montré combien le climat risquait de se détériorer plus rapidement que prévu, ces stratégies dilatoires pourraient conduire à un désastre écologique majeur, voire à un bouleversement irréversible de l’écosystème global. En d’autres termes, la politique dommageable des passagers clandestins est d’ores et déjà à l’œuvre.
Le conflit entre les PED et les pays industrialisés forme un élément central de la gouvernance de l’environnement. C’est pourquoi, on avait reconnu en 1992 sur le plan climatique le principe de responsabilités communes mais différenciées. Cette disposition permet aux PED d’augmenter leurs émissions de GES pour assurer leur développement. Cependant, depuis que certains d’entre eux sont devenus des pays émergents, comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), le traditionnel clivage Nord-Sud s’est imposé et durci plus que jamais. Il s’est aussi singulièrement complexifié car la Chine est désormais devenue le plus gros émetteur de CO2 au monde, dépassant en 2006 les émissions des États-Unis. Lors de la négociation post-Kyoto, de nombreux pays développés au sein de la CCNUCC – y compris les Etats-Unis et l’Australie –, ont préconisé par conséquent le remplacement du Protocole de Kyoto par un autre texte, qui inclurait des engagements aussi bien de la part des pays de l’Annexe I que de la majorité des PED. Mais pour l’heure, ces derniers se refusent toujours à accepter la moindre entrave à leur développement. Ils ont exigé que les pays développés prennent l’initiative d’une réduction substantielle de leurs émissions de GES.
On note aujourd’hui peu d’avancées en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La prolongation du Protocole de Kyoto permet juste que les négociations perdurent. Pour atteindre un véritable accord et empêcher une catastrophe écologique, les États devront renoncer à leur stratégie de procrastination, comme les invitent les ONG. Á cet égard, l’UE, les Etats-Unis, et les BRICS joueront un rôle déterminant dans l’adoption d’un nouveau protocole. Si l’UE met en œuvre les réductions d’émissions, les Etats-Unis ne pourront échapper au « dilemme du prisonnier » du changement climatique et plus encore si les pays émergents, en particulier la Chine, y sont également prêts.
Références
Akerlof, George. A, « Procrastination and Obedience », American Economic Review, 81 (2), 1991, 1-19.
Churchman, David, Negotiation: Process, Tactics, Theory, (2nd Ed.), Boston, University Press of America, 1997.
Kontinen Tiina, Irmeli Mustalahti, « Reframing Sustainability? Climate Change and North-South Dynamics », Forum for Development Studies, 39 (1), mars 2012, 1-4.
Olson Mancur, La Logique de l’action collective, [1965], trad., Paris, PUF, 1978.
Timmons Roberts J., Parks Bradley, A Climate Of Injustice: Global Inequality, North-South Politics, and Climate Policy, The MIT Press, 2006.Site de COP18: http://www.cop18.qa [15 décembre 2012].
Uzenat Simon, « Un multilatéralisme sans contraintes. Les engagements des États dans le cadre de Copenhague », Passage au crible, (15), 18 fév. 2010.
Déc 22, 2012 | Articles, Fil d'Ariane, Publications
Par Daniel Drache
Abstract
Canada has been both blessed and cursed by its vast resource wealth. Immense resource riches sends the wrong message to the political class that thinking and planning for tomorrow is unnecessary when record high global prices drive economic development at a frenetic pace. Short-termism, the loss of manufacturing competitiveness (‘the dutch disease’) and long term rent seeking behaviour from the corporate sector become, by default, the low policy standard. The paper contends that Canada is not a simple offshoot of Anglo-American, hyper- commercial capitalism but is subject to the recurring dynamics of social Canada and for this reason the Northern market model of capitalism needs its own theoretical articulation. Its distinguishing characteristic is that there is a large and growing role for mixed goods and non-negotiable goods in comparison to the United States even when the proactive role of the Canadian state had its wings clipped to a degree that stunned many observers. The paper also examines the uncoupling of Canadian and American economies driven in part by the global resource boom. The downside of the new staples export strategy is that hundreds of thousands of jobs have disappeared from Ontario and Quebec. Ontario, once the rich have province of Confederation, is now a poor cousin eligible for equalization payments. Unlike earlier waves of deindustrialization, there is little prospect for recovering many of these better paying positions. Without a focused government strategy, the future for Canada’s factory economy is grim. The final section addresses the dynamics of growing income polarization and its lessons for the future. With a global slowdown or worse on the horizon Canada’s unique combination of mixed goods and orthodox market-based policies is likely to be unsustainable in its current form. For countries with a similar endowment the Northern model is unexportable.
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