Le Système politique chinois Jean-Pierre Cabestan, Paris, Presses de Sciences Po

cabestan_systeme_politique_chinoisSpécialiste reconnu de la Chine, Jean-Pierre Cabestan livre ici une synthèse complète sur le système politique chinois qui vient combler une lacune majeure. En effet, aucun ouvrage récent de langue française n’a traité ce sujet depuis 20 ans ; alors que la Chine connaît des bouleversements socioéconomiques sans précédents. D’emblée, cette publication apparaît donc incontournable pour tout chercheur en RI, quel que soit son domaine d’étude, compte tenu du rôle éminent joué par la puissance chinoise sur la scène mondiale.

Le plan s’avère aussi simple que didactique : l’auteur consacre une première partie aux institutions et une seconde à la société. Ceci permet ainsi de mieux saisir la domination d’un parti communiste fort de ses 85 millions de membres et de ses 10 millions de cadres. Puis, il analyse les défis auxquels le pays est confronté : une corruption systémique, de fortes inégalités sociales, des revendications ethniques diversifiées, l’émergence entravée d’une société civile.

Jean-Pierre Cabestan, Le Système politique chinois, un nouvel équilibre autoritaire, Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 708 pages, dont 43 pages pour les annexes, la bibliographie classifiée, l’index matières et l’index des noms de personnes.

Passage au crible de la scène mondiale 2013

PAC_2013

Passage au crible de la scène mondiale

L’actualité internationale 2013

Sous la direction de Josepha Laroche

Cette publication réunit des textes portant sur l’actualité internationale de l’année 2013. Elle forme un ensemble homogène qui éclaire le lecteur sur les lignes de force parcourant la scène mondiale. Plusieurs contributions mettent tout d’abord l’accent sur les logiques de déstabilisation induites par des États comme la Centrafrique, la Corée du Nord, l’Iran ou bien encore le Mali.

Ce livre aborde également la question des sociétés civiles placées sous surveillance étatique. Il analyse à ce propos le rôle déterminant joué par les lanceurs d’alerte (whistle blowers). Il souligne ensuite les atteintes globales portées à la sécurité des personnes ainsi que les risques encourus, aussi bien en termes de santé publique que de liberté de circulation ou de droit d’expression. Enfin, cet ouvrage traite de l’ingérence diplomatique mise en oeuvre par des acteurs non étatiques sur des enjeux tels que le désarmement chimique, la justice internationale ou bien encore le réchauffement climatique.

Ont contribué à cet ouvrage Alexandre Bohas, Weiting Chao, Adrien Cherqui, Michaël Cousin, Philippe Hugon, Josepha Laroche, Valérie Le Brenne, Thomas Lindemann, Clément Paule, Yves Poirmeur, Catherine Wihtol de Wenden.

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PAC 110 – La coercition normative des agences de notation L’abaissement de la note souveraine Argentine par l’agence Moody’s

Par Elie Landrieu

Passage au crible n°110

Source : Pixaby

Le 17 mars 2014, l’agence de notation Moody’s a abaissé à « Caa1 » la note des titres émis par l’État argentin sur les marchés financiers, qualifiant de « très élevé » son risque de défaut de paiement. Cet organisme évoque à ce propos la baisse alarmante des réserves de change du pays – passées de 52,7 milliards de dollars en 2011 à 27,5 milliards actuellement – conjuguée à la poursuite parallèle de « politiques inadaptées ».

Rappel historique
Cadrage théorique
Analyse
Références

Rappel historique

En décembre 2001 l’Argentine se déclare en cessation de paiement sur 103 milliards de dollars d’obligations internationales. Le pays s’est dès lors maintenu dans une situation d’isolement, s’acquittant peu de ses obligations financières. Il s’est tout d’abord employé à alléger ses engagements. En effet, le gouvernement de Nestor Kirchner a mené en janvier 2005 un premier plan de restructuration de la dette. Puis, un an plus tard, il est parvenu à rembourser l’intégralité de la somme due au FMI (Fonds Monétaire International) à savoir 9,8 milliards de dollars. Une seconde restructuration obtenue en juin 2010 par le gouvernement de Cristina Kirchner, a porté à 90% le montant total de la dette privée renégociée. Ainsi en 2012, il était parvenu à réduire de près de 70% son endettement (de 166% du PIB en 2002 à 44,9%).

Cet État a ensuite profité de la conjoncture économique mondiale pour assurer son autonomie financière. Avec la flambée des prix des matières agricoles – comme celui du soja qui représente 25% des exportations argentines – il a dégagé de larges excédents sur la balance des paiements et augmenté par conséquent ses réserves de devises étrangères, principalement des dollars, monnaie dans laquelle est libellée près de 90% de la dette argentine. Par ailleurs, la rapide et vigoureuse reprise économique – entre 7 et 9% de croissance entre 2003 et 2008 – a entraîné un accroissement régulier des rentrées fiscales tout au long de la période. Ces ressources lui ont alors permis de couvrir ses dépenses et de rembourser progressivement ses dettes, sans recourir pour autant aux marchés financiers.

De manière générale, une telle autonomisation financière libère une marge de manœuvre substantielle pour les gouvernements. Grâce à elle, ils peuvent se détourner de l’orthodoxie néolibérale et mettre en œuvre des politiques interventionnistes. Parmi ces dernières, mentionnons les aides sociales, les mesures protectionnistes – taxation des importations des biens d’équipement et des produits manufacturés – ou bien encore les nationalisations (fonds de retraites, 2008 ; Aerolineas, 2011 ; Repsol-YPF, 2012). Parallèlement, la banque centrale se livre à un contrôle rigoureux des mouvements de capitaux.

Cependant, le retournement de la conjoncture économique mondiale, depuis la crise de 2008, a sérieusement compromis la capacité de Buenos-Aires à se passer du marché international des obligations. Ses ressources financières se sont donc mécaniquement amenuisées du fait de la baisse de l’activité mondiale. Cette dernière s’est notamment traduite par un fléchissement des prix agricoles, une réduction de l’excédent commercial, un ralentissement de l’activité et une diminution des rentrées fiscales. Dès lors, cette situation a conduit à se tourner de nouveau vers les investisseurs. Mais regagner leur confiance supposait de s’aligner sur leurs exigences, c’est-à-dire d’en passer par leur coercition normative.

Cadrage théorique

La régulation par la norme. Dans Surveiller et punir, Michel Foucault décrit l’émergence d’une forme de pouvoir disciplinaire qui, à partir de la fin du XVIIIe siècle, s’écarte du domaine de la loi pour rejoindre celui de la norme. Or, si la première s’avère extérieure et punitive, la seconde demeure intériorisée et induit une autorégulation des individus.

Soulignons qu’en l’absence de toute instance souveraine à l’échelle mondiale, la mondialisation relève de la même logique. Nous observons à cet égard le déploiement de règles qui émanent d’agences spécialisées et fonctionnent suivant les principes d’autocontrainte et d’adhésion volontaire. Ces dernières tirent leur force de l’intérêt des parties prenantes de la mondialisation à intégrer un club dont ils ne pourraient s’exonérer sans dommages.

Le stigmate comme dispositif correctif. Dans ce contexte, l’assignation d’un stigmate agit comme un puissant instrument de régulation. Pour Erving Goffman, il disqualifie et marginalise l’acteur visé, tout en réaffirmant dans le même temps les valeurs dominantes d’un système donné. Or, la nouvelle dégradation de la note souveraine de l’Argentine jette sur cet État un profond discrédit et contribue à sa mise au ban des marchés financiers. Elle donne à voir la face cachée de critères sur lesquels il doit obligatoirement aligner sa politique – transparence, rigueur budgétaire, relâchement du contrôle des changes – s’il veut accéder à de nouveaux financements sur les marchés obligataires.

Analyse

La dégradation de la note Argentine maintient le pays à l’écart des marchés financiers. Elle renforce son image de mauvais payeur. Ce faisant, cette donne compromet ses relations avec l’ensemble des membres de la sphère financière (FMI, fonds d’investissements privés, cours de justice américaines, presse économique) et légitime sa mise hors-jeu du marché des obligations.

La décision de l’agence enjoint ensuite le pays à se conformer à la norme néolibérale promue par les marchés. Cette évaluation est assortie d’un commentaire déplorant certaines politiques interventionnistes, comme le soutien au prix de l’énergie, les interventions sur les marchés des changes ou encore la démesure de dépenses publiques qualifiées d’« inadaptées » à la situation. En conséquence, cette instance exhorte le gouvernement à réorienter son action en mettant en œuvre les préceptes néolibéraux fondés sur le contrôle du déficit et la stabilisation de la monnaie. Autant de dispositions indispensables, selon elle, pour assurer le remboursement de la dette.

L’urgent besoin de financement auquel fait face l’Argentine contraint ses gouvernants à tenir compte de ces prescriptions. En effet, la fuite des capitaux, l’inflation galopante et la baisse généralisée de l’activité dégradent sérieusement ses finances et rendent de plus en plus insoutenable son isolement. La multiplication des signaux de confiance envoyés en direction des marchés financiers ces derniers mois, témoigne du souci de satisfaire leurs exigences. Ainsi, le pays concède-t-il par exemple de larges indemnisations à des sociétés nationalisées – 5 milliards de dollars ont été déboursés au pétrolier espagnol Repsol – ou bien il rembourse les arriérés d’un certain nombre de créanciers privés. Enfin, il laisse le peso se dévaluer face au dollar, tandis qu’il engage des discussions avec le club de Paris, organisme réunissant des créanciers publics. Néanmoins pour regagner l’appui des marchés financiers, son gouvernement devra opérer une révision de ses politiques économiques plus profonde encore, ce que les experts de Moody’s lui ont clairement fait savoir.

Finalement, à mesure que croît la dépendance de l’État envers les marchés obligataires, se resserre l’étau des agences de notation. Celles-ci parviennent désormais à infuser les cadres normatifs de la finance. De même, réussissent-elles à orienter les politiques publiques des gouvernements ; le remboursement de la dette s’imposant à présent en référentiel incontournable. Mais il faut bien comprendre que l’intérêt de l’investisseur prend alors le pas sur l’intérêt général.

Références

Foucault Michel, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.
Goffman Erving, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Minuit, 1975.
Gaillard Norbert, « La notation souveraine », Politique étrangère, (1), 2012, pp. 53-63.
Publication web de Moody’s, décision du 17 mars : https://www.moodys.com/research/Moodys-downgrades-Argentinas-government-bond-rating-to-Caa1-stable-outlook–PR_294642?lang=fr&cy=fra.

Jiangeng Sun Traducteur chinois

RADIO OCCITANIA EMISSION EN CHINOIS
Biographie

Expertise

Biographie

Depuis 2008, Sun est doctorant au Centre de Recherches sur l’Action Politique en Europe – CNRS (I.E.P. de Rennes). Il est titulaire d’un Master 2 Recherche, Esthétique, Communication audiovisuelle et Média, obtenu à l’École supérieure d’Audiovisuel de l’Université de Toulouse le Mirail. En 2004-2006, il a obtenu le Master 2 Profession du Journalisme, de l’Institut des études politiques de Toulouse après avoir obtenu en 2003 une maîtrise en Économie sociale à l’Université de Toulouse le Mirail. Sun est Enseignant à l’ESA d’Angers et à l’ESC de Rennes.

Il est également correspondant du magazine chinois Global Business&Finance depuis 2010.

Sun a travaillé de 2005 à 2007 pour La Dépêche du Midi à Toulouse et en 2006 également pour Le Nouvel Economiste. En 2005, il a collaboré au Le Monde.

De 2005-2008, il a contribué à l’émission Nihao (bilingue chinois-français) et à la radio Occitania de Toulouse. En février 2005, il a lancé le journal Le Pont à l’occasion du Nouvel an chinois.

Expertise

  • Communication
  • Journalisme
  • Audiovisuel

Catherine Wihtol de Wenden

Catherine Wihtol de Wenden

Directeur de recherche au CNRS

Biographie

Bibliographie

Publications Chaos International

Biographie

Catherine Wihtol de Wenden est directeur de recherche au CNRS-CERI (Centre d’Études et de Recherches Internationales). Docteur en Science politique de Sciences Po, elle a été consultante pour divers organismes dont l’OCDE, la Commission européenne, le HCR et le Conseil de l’Europe.

Depuis 2002, elle préside le Comité de recherche Migrations de l’Association Internationale de Sociologie. Elle est membre de la Commission nationale de déontologie de la sécurité depuis 2003. Par ailleurs, elle est également membre du comité de rédaction des revues Hommes et migrations, Migrations et sociétés et Esprit. Juriste et politiste, elle a mené de nombreuses enquêtes de terrain en France sur les relations entre les migrations et la politique. Ses recherches comparatives sur les flux, les politiques migratoires et la citoyenneté en Europe et dans le monde s’inscrivent dans le Projet transversal Migrations et relations internationales qu’elle anime au CERI.

Bibliographie

Parmi ses très nombreuses publications, mentionnons :

Atlas des migrations : Un équilibre mondial à inventer, Paris, Autrement, 2012.

La question migratoire au XXIe siècle. Migrants, réfugiés et relations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, 2010.

La Globalisation humaine, Paris, PUF, 2009.

La Beurgeoisie, (avec R. Leveau), Paris, CNRS Éditions, 2007 (réédition de 2001), 240 p.

Les Couleurs du drapeau – L’armée française face aux discriminations, (avec Christophe Bertossi), Paris, Robert Laffont, 2007, 276 p.

Sortir des banlieues. Pour en finir avec la tyrannie des territoires, (avec Sophie Body-Gendrot), Paris, Autrement, Collection Frontières, sept. 2007.

Atlas des migrations dans le monde : réfugiés ou migrants volontaires, Paris, Autrement, 2005 (réédition 2009).

International Migration and the Social Sciences. Confronting National Experiences in Australia, France and Germany (co-écrit avec Elie Vasta, Vasoodeven Vuddamalay, Stephen Castles et Michaël Bömmes), London, Palgrave, 2006, 265 p.

Articles

« Urban riots in France », The SAIS review of international Affairs, The John Hopkins University Press, (26) 2, 2006, pp. 47-54.

« L’Union européenne face aux migrations », Migrations et Société, 16 (91), janv.-fév 2004.

Publications Chaos International

Passage au crible de la scène mondiale 2013

Révolutions arabes et migrations

PAC 95 – La dangereuse politique de contrôle de l’immigration. Les naufragés de Lampedusa

Le Droit d’émigrer 

Passage au crible de la scène mondiale 2011

PAC 62 – Les politiques diasporiques des pays d’émigration. Une diplomatie du lien et de l’influence par migrants interposés

La Globalisation humaine

Passage au crible de la scène mondiale 2009-2010

PAC 38 – Le défi migratoire des révolutions arabes. Les Accords de Schengen au cœur de la rencontre franco-italienne, 26 avril 2011 

PAC 33 – L’Union européenne, protectrice des droits de l’Homme.  La gestion sécuritaire des Roms par la France et son discrédit à l’été 2010

Un Monde en sursis. Dérives financières, régulations politiques et exigences éthiques

PAC 10 – Une gouvernance mondiale des migrations. Le Forum Mondial Migrations et Développement, Athènes, novembre 2009