Chaos International a participé à la 7ème conférence Érasme-Descartes 2009, qui s’est déroulée à Amsterdam les 11 et 12 novembre derniers. Celle-ci a porté cette année sur le thème de L’action publique pour le développement : de l’aide à la coopération.
Les conférences Érasme-Descartes ont été instituées en 2002 par les Ministres français et néerlandais des Affaires Étrangères. Ils entendaient ainsi institutionnaliser un dialogue intellectuel entre les sociétés civiles française et néerlandaise. Chaque année, ces rencontres rassemblent des personnalités du monde politique, économique, universitaire et des médias des deux pays, autour d’un thème de société d’intérêt commun.
Les travaux de cette 7ème conférence se sont déclinés en trois ateliers
> Atelier 1 – Économie en crise
> Atelier 2 – Biens Publics Mondiaux : vers un développement durable
> Atelier 3 – Enjeux de la gouvernance locale : systèmes de sécurité, États fragiles, droits de l’Homme
> Table ronde en séance plénière – Les partenariats public-privé
Atelier 1 > Économie en crise
Les participants ont traité des perspectives de l’aide au développement, au regard de la crise financière qui a éclaté fin 2008. Ils ont débattu de la nécessité de redéfinir l’aide au développement, de revoir ses financements et d’élaborer à cet effet de nouvelles stratégies. La situation actuelle souligne en effet la nécessité de repenser la coopération, afin de l’inscrire dans le cadre d’un développement plus global. Cet atelier a donc abordé la coopération en prenant en compte l’ensemble des acteurs du développement. Une attention particulière a été accordée aux financements innovants qui pourraient peut-être permettre d’éviter que la crise financière ne se traduise en une crise de l’aide.
Atelier 2 > Biens Publics Mondiaux : vers un développement durable
Cet atelier a considéré que la préservation des biens publics mondiaux (santé, climat, sécurité alimentaire, etc.) était intrinsèquement liée à l’aide au développement. La lutte contre la pauvreté ayant, par exemple, un impact certain sur la propagation des maladies transmissibles ou encore sur la protection de l’environnement. À partir de cas concrets, tous les contributeurs ont montré combien les politiques de préservation des biens mondiaux et d’aide au développement s’inscrivaient dans la même logique, ne cessant de se compléter et de se renforcer. Mais s’ils se sont entendus pour reconnaître la nécessité de protéger ces biens, ils ont en revanche fait état de positions divergentes quant aux secteurs à privilégier et au type de financement à promouvoir en priorité.
Atelier 3 > Enjeux de la gouvernance locale : systèmes de sécurité, États fragiles, droits de l’Homme
En guise de préliminaire, le concept de légitimité, bien distinct de celui de légalité, a tout d’abord été revisité. Puis, on a rappelé tout l’intérêt opérationnel qu’il y avait à substituer à la notion d’État fragile celle – plus souple et moins stigmatisante – de situation de fragilité ou même de région fragile. Sur ce point, une discussion s’est engagée autour des critères établis par la Banque mondiale, sur la doctrine du PNUD et celle de l’Union européenne en la matière. Pour sa part, le MAE français se refuse à construire une batterie d’indices et, par conséquent, un modèle de référence, préférant se prononcer plutôt pour une démarche pragmatique et ciblée. Les travaux de cet atelier se sont ensuite essentiellement centrés sur la mise en place et le renforcement de systèmes de sécurité (RSS) légitimes et performants. À cet égard, les représentants français et néerlandais des ministères des Affaires étrangères ont rappelé que le RSS est considéré comme l’un des vecteurs principaux du développement économique.
S’agissant de l’APD, ils ont indiqué – les Pays-Bas, étant le premier contributeur mondial, tandis que la France occupe en la matière le deuxième rang au sein du G8 – qu’elle ne saurait être efficace sans une bonne gouvernance, un respect des droits de l’Homme s’inscrivant dans le cadre d’un processus de démocratisation. Cette dernière considération permet ainsi de mieux comprendre pourquoi les enjeux sécuritaires se retrouvent désormais au coeur des stratégies de coopération des deux pays, notamment lorsqu’il s’agit d’États dits fragiles. Cependant, reste ensuite à mesurer l’efficacité de cette APD, d’où la nécessité de mettre en place des politiques performantes d’évaluation des politiques publiques.
Table ronde en séance plénière > Les partenariats public-privé
Aujourd’hui, les partenariats établis entre les secteurs publics et privés se présentent comme un modèle innovant, en mesure de répondre aux nouveaux défis mondiaux. Alliant le dynamisme et le capital du secteur privé, à la gouvernance et à la gestion du risque de l’autorité publique, ils administrent la preuve que le fonctionnement classique des secteurs privé et public – très cloisonnés et reposant sur des logiques antagonistes – peut être dépassé.
En l’occurrence, le Directeur Général de Max Havelaar France a présenté à l’assistance un bilan de synthèse – prometteur et incitatif – de l’activité mondiale entreprise par son ONG. Le Directeur général de IMS-Entreprendre pour la cité est, quant à lui, revenu sur des partenariats impliquant des firmes transnationales de grande envergure, telles Lafarge, Shell, ou encore GDF. Le représentant de la Commission européenne, le Directeur général d’EuropeAid, a quant à lui rappelé, à partir de nombreux exemples, le rôle capital joué par l’Union européenne en matière de solidarité et d’aide au développement.
Enfin, le débat qui s’est déroulé entre ces contributeurs et les questions soulevées par l’auditoire ont porté sur la capacité de ce nouveau modèle de coopération à constituer une alternative aux schémas classiques d’aide au développement.